Pršut

Pršut
Sur une route Croate

Mostar, Bosnie-Herzégovine, le samedi 29 avril
Temps mi-pantalon, mi-short. On regrette presque nos bons vieux pantacourts.

Split est derrière nous, le ferry vrombit sous nos pieds. Rien de tel pour éviter la traversée des banlieues que de fuir par la mer. Au bout d’une heure nous accostons à Brač. Île croate parmi les îles croates : petits ports mignonnets disséminés tout autour, plages de cailloux, intérieur sauvage, sec et boisé. L’odeur des pins est enivrante, surtout lorsqu’on souffle comme des buffles dans la montée coupant l’île en deux. Depuis le début de la Croatie, nous enchaînons les bivouacs au bord de l’eau, cette fois-ci au bord de la plage FKK de Bol, FKK pour « Freikörperkultur » mouvement naturiste allemand. Mais au mois d’avril, pas d’allemands, encore moins de nudistes. Le jour suivant nous revenons sur la terre ferme, montons patiemment la rampe montagneuse escarpée qui nous emmène vers l’arrière-pays, un autre pays d’ailleurs : la Bosnie-Herzégovine.

La ville de Vrgorac juchée du haut des dernières montagnes officialise notre entrée dans la plaine de ce nouveau pays. Après le passage de la frontière obligé, car nous sortons de l’espace Schengen. La journée étant déjà bien remplie de kilomètres, nous commençons notre quête pour un bon spot de bivouac. Au bout de quelques minutes nous apercevons au loin une station service qui paraît sortir de nul part, mais surtout un attroupement de gens sous le toit plat de la station et tout autour. Nous pensons d’abord à un mariage, mais pourquoi le cortège se serait-il arrêté tout entier pour de l’essence ? La curiosité nous pique, alors on s’approche. Très vite on comprend que c’est la station elle-même qui est célébrée, inaugurée. On nous fait signe et en quelques secondes on se retrouve un verre à la main à parler anglais à des gens de notre âge très intéressés de nous voir débarquer là. S’en suit d’autres verres, car il n’y a pas que de la bière dans ce pays, il y aussi du vin et de l’alcool de cerise. Au bout d’un moment nous commençons à parler à Mijo et son père qui nous proposent très vite de passer prendre une douche chez eux (je vous laisse imaginer la raison). Arrivés chez eux nous continuons à être le centre d’intérêt commun, famille et amis de famille compris, tout le monde s’amuse à nous voir manger des tranches et des tranches de pršut maison (jambon sec d’Herzégovine, affiné 2 ans). Difficile de dire non, surtout que c’est excellent. Mijo et toute sa famille semblent nous accueillir comme des amis de longue date. Nous avons le souffle coupé de leur gentillesse et générosité. Après la nuit passée chez eux nous repartons repus d’un franc petit-déjeuner et munis de sandwichs préparés par Mijo. Sandwichs au pršut naturellement.

À une poignée de kilomètres du poste-frontière, cette accueil formidable nous donna un belle introduction au pays. Nous avons continué notre chemin, bousculés par des automobilistes beaucoup moins ravis de nous voir. En fin d’après-midi nous arrivons à Mostar. Ville qui frappe dès qu’on y rentre à la vue de ses bâtiments monumentaux en ruine ou sévèrement amochés, tous criblés d’impacts de balles. La guerre des Balkans y a fait rage de 1992 à 1995. Toute la ville n’a pas encore pansé ses plaies, mais la paix semble y régner, les chants du muezzin ne sont pas entrecoupés par le son des cloches et inversement. Mostar est une magnifique ville médiévale dont le symbole (détruit pendant le conflit) a été reconstruit à l’identique : le pont « Stari Most ».

Nous préparons notre bref retour en Croatie en nous abreuvant des mets culinaires bosniaques. C’est un bonheur. J’en oublie ma nostalgie des viennoiseries françaises. Ici l’influence est très clairement ottomane : ćevapi, baklavas et bureks.

MIAM MIAM MIAM

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