Dober dan

Vremski Britof, Slovénie, le samedi 15 avril
Véritable journée de merde comme on aime bien le dire des fois, déluge du matin au soir, avec grêle en supplément.
La Festa di Laurea (fête de fin d’étude) du frère de Marco conclue notre séjour à Varago. Nous aurons eu le droit – comme à l’accoutumé – à un accueil très vivant et riche : visite de la ville forteresse d’Asolo, révision de notre connaissance des alcools locaux ainsi que révision de nos vélos, pizzas trois soirs sur quatre. Comme à chaque fois nous serions bien restés une semaine entière…
Après Trévise nous n’avons pas su résister l’appel de la Sérénissime. Nous nous sommes mis d’accord très rapidement avec Dylan pour faire un crochet vers Venise et donner à notre itinéraire un peu plus de cachet. Il nous a tout de même fallu fermer les yeux sur presque tout le trajet jusque là. Nous avons découvert Mestre, la dernière ville côtière avant Venise qui lui sert d’arrière-cuisine, mix entre un dortoir sans charme et une périphérie lourdement industrielle. Puis vient la rampe d’accès à l’île-ville, piste cyclable tolérée à côté d’une 2×2 voies routière et ferroviaire. On déchante assez vite une fois dans Venise. Les vélos sont proscrits, pour des raisons plutôt compréhensible vu la foule et les marches omniprésentes. On se contente de voir passer les vaporettos et les vedettes-taxi sous les ponts menant à Piazzale Roma. Après un sandwich improvisé sous les yeux curieux des touristes asiatiques, nous repartons sans attendre. Deux ferry nous amènent sur le Lido de Jesolo à travers le canal de la Giudecca, nous laissant baver devant les splendeurs de cette ville que je trouve sincèrement incroyable (même au loin depuis un bateau) et mérite tout l’intérêt qu’on lui porte.
Nous continuons en longeant la lagune de Venise qui s’étire sur des kilomètres vers l’est. Nous faisons l’expérience d’un campement sur ses berges déjà grouillantes de moustiques malgré une chaleur très relative. Mauvaise idée. La Vénétie s’efface doucement au profit de la région Frioul-Vénétie Julienne qui nous plonge peu à peu vers de nouveaux reliefs : ceux de la Slovénie.
Une dernière pizza, une dernière gelato, dans l’espoir d’en retrouver d’aussi bonnes nous passons la frontière au niveau de Gorizia. A peine emprunté les premières routes qui nous emmène dans la campagne slovène, nous remarquons un changement d’ambiance assez franc. Tout est plus lisse, les routes sont bien meilleures, les maisons très soignées et douillettes, mais plus de « Ciao » enjoués comme en Italie. La signalétique et l’orthographe a beaucoup changé également, les nombreux o et a italiens sont remplacés par beaucoup de consonnes et de curieux accents de ponctuation. La campagne est bien plus belle, plus sauvage même si très active : on y croise beaucoup de monde, affairés à tailler des arbres fruitiers ou en promenade sur des vieux tracteurs. Les villages se repère ici aussi par les clochers, mais plutôt que des campaniles hissés bien haut, on trouve des bulbes en cuivre patiné.
En deux jours à peine nous trouvons la capitale, Ljubljana, entourée de montagnes dans le centre du pays. La Slovénie est petite de taille et de population : 2,1 millions d’habitants, en comparaison la Vénétie en compte 4,9. C’est sûrement pour cela qu’on se trouve bien plus tranquille ici, moins embêtés par la circulation, plus immergés dans la nature. C’est aussi ce qui pourrait expliquer le fait que tout a l’air bien mieux géré qu’en Italie. Les infrastructures paraissent bien mieux entretenues et modernes, on retrouve par exemple de vraies pistes cyclables, pas juste des trottoirs aménagés. En revanche l’intérêt que les gens nous portaient jusqu’ici a presque disparu, les réponses à nos « Dober Dan » (Bonjour) enthousiastes sont timides ou inaudibles.
Notre dîner chez Sara (et ses fameuses escalopes viennoises) nous aura apporté quelques réponses et un parallèle intéressant. Comme pour la Finlande, pays dans lequel nous avons fait notre Erasmus avec Sara et Dylan, nous trouvons des gens beaucoup plus réservés, peut être peu habitués à rencontrer des touristes. Tout paraît mieux géré aussi comme en Finlande, avec un sens de la communauté peut être un peu différent. Ce qui m’a amusé, c’est les similitudes de leurs capitales. Helsinki et Ljubljana se rapprochent dans leur style d’architecture romantique et art nouveau. L’architecte Jožože Plečnik y est pour quelque chose, il y a laissé quelques bâtiments et ponts vraiment splendides (je vous conseille d’ailleurs la visite de sa maison, très chouettos).
Alors que toutes nos affaires sèchent près du poêle, que la tisane thym-eucalyptus se boit avec un certain plaisir après cette journée mouillée et froide, on pense à demain et au jours de chaleur. La Croatie nous tends les bras, direction les îles, la Méditerranée.
A+










