Ce la faremo

Ce la faremo
Fiat Panda 4x4 de Polaveno

Varago, Italie – le 8 avril 2023
Beau temps mais curieusement rafraîchit par un vent doux et frais, en Avril ne te découvre…

Lorsqu’on suit Komoot (l’app que nous utilisons pour nos itinéraires) il peut y avoir quelques ratés. Surtout lorsqu’il croit (oui on a tendance à le personnifier) qu’un passage pour piéton équivaut à un passage pour vélo. Cette fois particulièrement amusante où après six marches surprises que nous avons patiemment gravi avec nos vélos chargés comme des mulets, nous attendait une barrière juste assez courte pour empêcher nos guidons de passer. S’en est suivi un épisode assez risible où nous devions incliner nos vélos à 45° pour faire passer l’ensemble sous la barrière sans rien faire tomber. Cette scène a piqué la curiosité du voisin, un grand gaillard au cheveux noirs frisés qui s’est d’abord amusé de la situation avant de nous aider à pousser les vélos. Très vite sont venues les deux questions les plus posées lors de notre voyage : d’où venez-vous ? où allez vous ? À l’une comme à l’autre réponse que nous leur donnons, beaucoup de surprise, de rire et d’expressions faciales engagées. En réaction il a interpellé sa femme qui a sortit sa tête par la fenêtre. Après que son mari lui a expliqué la situation, nous avons vu sa tête changer d’expression après quelques secondes. Au même moment, une dame un peu âgée sortait de l’immeuble d’en face, qui a également eu le droit à une explication du voisin bavard. Elle n’a pas paru aussi étonnée que les autres mais s’est empressée de nous encourager, de nous dire que la jeunesse était faite pour ça et pas pour « zoner sur des bancs au centre du village tous rivés sur des portables comme les garçons du coin ». Ce genre de petite scènettes auxquelles nous avons le droit dans les petites rues, les cafés, les supérettes nous fait toujours du bien au moral. C’est même devenu un peu notre pêché mignon de s’attendre à des exclamations positives de la part des italiens que nous croisons. On sent la décontraction, la facilité de démarrer une discussion, l’emphase aussi dans les mots, les gestes, les expressions. De plus en plus on sent ce qu’on aime appeler le sud.

Cette épisode, nous y avons eu le droit pendant le jour le plus difficile de notre traversée du nord de l’Italie. Après une pause chez Marika, la très gentille et accueillante soeur d’Alessio ami de mon premier erasmus, nous avons mis cap sur les lacs. Nous avons traversé l’agglomération de Milan, bien pénible et presque sans fin jusqu’à Bergame. De là nous avons rejoint le lac d’Iséo, époustouflant. Montagnes plongeantes dans un lac étroit et villages escarpés. Pour éviter de revenir dans la plaine et retrouver trop d’urbanité, nous avons de décidé de couper à travers les montagne pour rejoindre le lac suivant : Garde. Là nous avons eu le droit à notre journée difficile. Pas tant pour les dénivelés que pour le paysage totalement transformé par une industrie galopante tout le long des lacets montant au « Passo del Cavallo » à 742m, après la ville-usine de Lumezzane. Nous nous attendions à des villages alpins un peu mignons, au lieu de ça nous avons trouvés tous les modèles d’usine de transformation de l’acier ou de l’aluminium. Après traversée du lac de Garde par Salò et Bardolino qui nous ont donné des frissons par leur allures d’attraction touristique, nous avons continué vers la Vénétie (ou Veneto en italien).

Juste après notre arrêt dans Vérone, nous ont accueillis les parents d’Enrico, ami que nous avons en commun Dylan et moi. Nous avons étés reçus comme des rois et pu échanger sur de nombreuses expériences de voyage et sur les sites à ne pas rater dans la région. On essaiera de refaire ce fabuleux pesto d’orties une fois revenus à la maison ! Merci à Giovanna et Gabriele ! Après Alonte, nous avons franchit notre plus grande distance à travers la platitude de la région et en suivant l’ancien chemin de fer reliant Ostiglia à Mantoue : 98km easy ! Nous voilà maintenant chez Marco, hôte légendaire de Varago, fin connaisseur des Dolomites et adresses trévisanes où nous nous arrêtons pour reconstitution de nos forces avant la Slovénie. Cela ne faisait pas si longtemps que nous avions profité de l’accueil de Marco, nous y étions l’été passé. Je me souviens être venus en train cette fois là, ce qui m’avait pris une journée et demie depuis la Normandie. Toujours une mise en perspective amusante avec notre cadence actuelle : nous avons mis un peu plus d’un mois pour venir !

Cette région du Veneto est l’une des plus riche d’Italie, de son passé à travers tous ces villages rivalisant de palaces, forteresses et campaniles démesurés, mais également par la très forte activité qui règne entre chaque bourg. Le Veneto c’est du Venise dissout, c’est magistral et magnifique à tant d’endroits. Mais ce n’est pas que beau. Usines innombrables, fermes, vignobles et surtout traffic ! Tant de camions et voitures circulent sans arrêt sur le quadrillage pourtant finement maillé de la région. Impressionnant. Nous sentons les limites imposées par le manque de place, le grignotement de la nature et les problèmes d’eau. Nous sommes arrivés à Varago en rencontrant le père de Marco, visiblement anxieux. Cela fait deux semaines que l’eau ne peut plus être captée à leur domicile. Cette ancienne ferme est dotée d’un puisard de 10 mètres sur le point le plus bas de la cour intérieure. Le manque de pluie depuis l’été dernier a sévèrement réduit le niveau des nappes phréatiques, pour la première fois depuis que ses parents et grand-parents occupent la ferme. Une seule solution : creuser plus profond, il semble y avoir encore de l’eau à 15 mètres. C’est ce que le voisin nous démontre en fournissant généreusement son eau à la maison de Marco et ses parents. Inquiétant quand je repense à la fournaise qu’il faisait ici en juillet dernier.

Demain, dimanche de Pâques nous reprenons la route ! Nous allons faire une pause sur les pizzas tous les soirs avec Marco (même si ça va me manquer). Direction Ljubljana et les Alpes dinariques… au revoir la plaine du Veneto !

A+