Canalisés

Rue Valdo à Lyon, le dimanche 19 mars
Le printemps est là ! avec un peu de soleil donc !
Savez-vous à quoi ressemble un canal fluvial en France ? Je vais tenter de vous décrire le concept, je commence à bien connaître. En gros ce sont deux buttes de terres parallèles et continues séparées d’une vingtaine de mètres. Elle ne sont pas si hautes, je dirais trois mètres maximum en partant du ras de la rase campagne. Entre les deux buttes, de l’eau, bien étalée sur tout le long. Par soucis de préservation des canaux et pour limiter leur érosion naturelle, pratiquement toutes les berges sont bardées de palplanches en acier, un genre de grosse tôle bien épaisse qui se coulissent les unes avec les autres. Relief aidant, on trouvera des écluses plus ou moins éloignées les unes des autres (malheureusement je ferai ici l’impasse sur leur fonctionnement, un lien pour les plus curieux). Les bords de canaux (les buttes) étaient autrefois utilisées comme chemin de halage, aujourd’hui leur utilisation a été détournée en voies cyclables car elle s’y prêtent génialement : absolument aucun traffic routier et aucun croisement avec des routes (qui passent toujours au dessus) et un dénivelé presque nul. Suivant les choix de financements du département et leurs dextérité avec les aides européennes, le revêtement va du plus rustre (chemin caillouteux assez désagréable) au plus luxueux (bitumé roulant). Pas rare de voir un changement de revêtement à quelques mètres d’un panneau du type « Merci d’avoir visité la Nièvre, à bientôt ».
Vous vous imaginez donc que pour deux cyclotouristes en plein apprentissage, les canaux sont le terrain de jeu rêvé. Oui, jusqu’à un certain point. Sur les presque 850km parcourus depuis notre départ, je pense qu’une majorité ont étés roulés sur les berges des canaux. Seine, Loing, Briare, Latéral à la Loire… Ce qui nous a permis de rejoindre la Normandie au Lyonnais en seulement 10 jours de pédalage. Au détriments de jolies campagnes à explorer par les routes sinueuses et vallonnées ? Difficile à dire. Mais grande était la joie de laisser le dernier bout de canal à l’approche de Roanne pour se fondre dans le relief du Lyonnais. Les canaux nous ont peut être formés à l’endurance, mais pas au dénivelé. Les hauteurs de Cours-la-ville et d’Amplepuis nous ont mis à l’épreuve. Bien arrivés à Lyon chez les Dudus, amis de famille de bien longue date !
Nouvel arrêt donc, très bienvenu à l’approche des Alpes. Un défi que nous allons aborder avec raison. Si la force des dénivelés ne peut être vaincue par la patience d’étapes plus courtes, nous songerons à un autre itinéraire. Ces jours-ci je passe du temps à chercher le meilleur découpage d’étapes pour optimiser le parcours, un casse-tête si on prend en compte les offres d’hébergement sur le trajet. Sans parler de la météo sans laquelle nous aurons du mal à franchir quoi que ce soit. De ce côté là, ça s’annonce pas mal !
Il faudra aussi compter pour un peu plus de bol niveau pneus. Dylan – Hugo : score 3 – 2. Même si on a usé pas mal de gomme depuis notre départ, je ne m’attendais pas à voir apparaître des trous dans ma chambre à air. A quoi bon acheter des « Schwalbe Marathon » ? La soi-disant Rolls du pneumatique pour les cyclo-touristes (d’ailleurs les Vélibs parisiens en sont aussi équipés, c’est dire). Dylan a profité de notre pause à Lyon pour se convertir au système « tubeless », se passer de chambres à air grâce à un produit qui colmate les crevaisons.
Nous repartons ce dimanche avec Grenoble en ligne de mire. Les dénivelés s’envolent sur mes prévisions d’itinéraires. Nous quittons donc l’accueil chaleureux et délicieux des Durousset pour les montagnes. Peut être que nous regretterons bientôt les canaux ?
"Gott hat für das alles nur sieben Tage gebraucht
Und am siebten Tag hat er auch noch Pause gemacht"
Dussman du chanteur allemand Betterov












