Andiamo avanti

Hauteurs de Bergamo, le 1er avril 2023
Vrai soleil italien, jaune sur fond bleu, nuages bien dessinés au lointain
La grande descente du col frontalier nous a naturellement mené à notre premier caffè italien. De ce côté-là des cimes, tout est semblable niveau paysage, mais tout est un peu différent. Premier élément qui saute aux yeux sont les panneaux de signalisation, les noms de villes apparaissent en blanc sur fond bleu. On s’habitue vite. Et mes vieilles habitudes sont revenues, assez rapidement. J’adore les matins cafés-brioches (ici les brioches c’est des croissants avec des goûts plus ou moins savoureux: confiture, chocolat, crème pâtissière, etc). Je reviens en terra cognita, 8 ans après mon Erasmus à Padoue, toujours une certaine nostalgie à chaque fois que je remets les pieds dans ce pays.
La semaine a commencé par notre arrivée à Turin, en bas des montagnes. Mais ça n’a pas descendu jusqu’au centre ville. On aurait aimé pourtant se laisser porter pendant toute une journée. Finalement, les trois jours complets de repos à Turin nous ont offert ce que nous attendions. J’y ai même retrouvé Briony, ce qui a rendu le séjour d’autant plus agréable. Je ne m’attendais pas à une si grande ville. Moi qui pensais Milan sa voisine comme largement dominante dans cette partie nord-ouest du pays. C’est en fait la quatrième d’Italie en terme de population, Turin n’a pas à rougir. Et qui dit grande ville italienne, dit beaucoup à voir, visiter, goûter. Turin, ses points de vue sur les Alpes grandioses, son bord de rivière printanier si agréable et ses cafés !
Nous revoilà partis vers les plats paysages de l’Italie du Nord. Il faut un peu oublier la nature lorsqu’on roule dans ces campagnes là. Il n’y a rien que la main de l’homme n’ait pas touché. Tout est champs, routes, usines et fermes. Celles-ci sont remarquables par leur taille. On sent que l’industrialisation agricole s’est fait très tôt et que tout était très bien organisé jusqu’à que les moyens de production modernes aient rendu désuets beaucoup des bâtiments que nous voyons aujourd’hui perdre leur tuiles une à une. Il ne nous a pas été si simple de trouver un spot de bivouac à peu près convenable.
Nous avons aussi découvert les canaux italiens. Devenu très connaisseurs du sujet, j’en ai détaillé les différences avec les bons canaux français. Beaucoup moins décoratifs, ils paraissent davantage utiles – rappel : nous n’avons pas vu un seul bateau de fret sur les canaux Français. En Italie il est moins question de transporter des choses sur l’eau que de transporter l’eau elle-même. Si les canaux apparaissent de dimensions similaires, il sont plutôt les artères principales amenant l’eau à tout un réseau d’irrigation. Il semblerait que l’agriculture dans le Piémont et la Lombardie ne serait pas ce qu’elle est si elle comptait uniquement sur le bon vouloir des nuages. La culture du riz et son besoin intense en eau pourrait expliquer cela. Sachant qu’aucun bateau n’y navigue, quelques barrages de production d’électricité ont été installés pour mettre à profit les pentes environnantes. Ce qui me paraît très ambitieux vu la platitude de la région. Jusqu’à ce jour je tente toujours de percer le mystère de ces centrale idroelettriche. Après recherches et pour les plus intéressés sur le sujet, le canal de Cavour (83 km de longueur) produit 21 GWh par an, le barrage de Roselend en Savoie produit à lui seul 1000 GWh par an. Pas une production démente donc. Mais bon relativisons, les canaux fluviaux français produisent 0 GWh par an.
Depuis notre premier café italien, déjà très nombreuses ont été les personnes nous arrêtant pour nous demander d’où nous venions, où nous allions. Faut-il l’expliquer par une curiosité insatiable ? à une envie de rencontre ? à un pays qui a une vraie culture vélo ? Toujours est-il qu’en trois jours en Italie nous avons eu plus de discussions impromptues qu’en trois semaines en France. Et ça fait très plaisir ! Dai, andiamo avanti !















